Aristote et la photographie
Le principe de la formation d’une image d’un objet sur un plan est connu depuis l’Antiquité.
Il faut attendre la fin du XIXe siècle pour que les progrès de connaissance sur les produits réagissant à la lumière permettent d’en faire une synthèse.
Ce que fit Nicéphore Niepce en inventant la photographie.
La chambre noire
Aristote, philosophe grec ayant vécu à Athènes entre 380 quatre et 322 avant Jésus-Christ avait décrit la possibilité de reproduire l’image d’un objet en projetant les rayons lumineux réfléchis par cet objet au travers d’une cloison munie d’un petit trou, sur une surface.
Léonard de Vinci (1452-1519) décrit la “chambre noire”, un trou pratiqué dans les parois d’une pièce obscure permet le passage de la lumière extérieure vers cette pièce. Les objets placés devant ce trou, éclairés par le soleil, se projette sur la paroi opposée.
Vers la fin du XVIIe siècle un système portatif reposant sur ce principe permet aux dessinateurs de dessiner des paysages, des monuments. Il s’agit d’une boîte en bois dont le « trou » est remplacé par un verre grossissant. La surface où se projette l’image des objets est remplacée par un verre, sur lequel on peut placer un papier semis transparent, un peu comme un papier calque.
Il s’agit là du principe de l’appareil photo, il suffit de remplacer le papier semis transparent par une surface sensible à la lumière, comme les sels d’argent.
Les étapes
1727, l’Allemand J.H. Schulze met en évidence la capacité des sels d’argent à noircir sous l’action de la lumière.
De nombreux produits sont capables de réagir et de changer d’aspect sous l’action de la lumière.
Le plus connu de tous est notre propre peau !
Les marques de bronzage montrent qu’il est possible de reproduire une image sous l’action de la lumière !
Nicéphore Niepce
Nicéphore Niepce (1765-1833) est le premier à avoir réussi à enregistrer de manière durable une image avec un tel procédé.
Cette image a été enregistrée sur une plaque de cuivre enduite de bitume de Judée.
Cette image est mal fixée et doit être conservée dans le noir et exposée à la lumière le moins souvent possible.
Daguerre
Jacques Mandé Daguerre (1787 - 1851) s’associe à Niepce pour perfectionner le procédé mis au point par Niepce.
Le procédé consiste à rendre sensible une plaque de cuivre argentée qui sera par la suite, après exposition à la lumière dans la chambre noire, exposée à des vapeurs de mercure pour révéler l’image latente.
Ce procédé est appelé daguerréotypie.
L’inconvénient du daguerréotype est d’être unique, d’un format limité à la taille de l’appareil de prise de vue, sans possibilité d’agrandissement.
La faible luminosité des objectifs utilisés contraignent à des petits formats.
L’image obtenue est unique et non reproductible et inversée.
Don de la photographie au monde
Arago (1786 - 1853), savant et homme politique. présente cette découverte à l’Académie des sciences en 1839.
Le procédé est acquis par le gouvernement français qui en fait don au monde entier.
Malgré ses défauts majeurs, le daguerréotype connaît un succès foudroyant et se répand dans le monde, notamment chez les personnes souhaitant se faire tirer le portrait pour un coût moindre qu’un portrait exécuté par un peintre.
De l’héliographie à la photographie
Le procédé mis au point par Nicéphore Niepce sera dénommé dans un premier temps héliographie, pour enfin être appelé photographie en 1839.
La première révolution
La première révolution qui engage la photographie sur le chemin de la photographie moderne sera la découverte en 1841 de l’anglais William Talbot (1800-1877).
William Talbot met au point le procédé négatif/positif qui permet à partir d’un négatif unique d’obtenir un nombre illimité de copies.
De nombreux peintres et bricoleurs de génie plus ou moins chimistes s’emparent de la photographie est à peu près tous les produits connus de l’époque, capables de réagir à la lumière seront testées avec plus ou moins de bonheur !
C’est ainsi que des produits comme l’albumine des œufs de poule seront testées avec plus ou moins de succès.
En fin de compte, le procédé gélatinobromure d’argent finira par s’imposer bien que des procédés comme le procédé au collodion humide perdurera jusque dans les années 60 (1960 !), en photogravure
Les pionniers de la photographie
Pendant très longtemps, l’agrandisseur moderne n’existant pas, les tirages se faisaient par contact.
Le tirage est de la même taille que le négatif.
Le seul moyen d’obtenir un tirage de grande dimension étant d’augmenter la taille du négatif, par conséquent, la taille de l’appareil photographique.
Le record étant détenu par les Américains ayant construit une chambre photographique de 4m de long pesant 650kg monté sur un wagon de chemin de fer, chaque plaque photographique pesant 225kg !
Tout cela pour obtenir des tirages de 135 cm x 240 cm présentés lors de l’exposition universelle de Paris de 1900.
Il est évident que ce matériel de grande dimension, construit en bois est lourd et encombrant.
Le procédé du collodion humide s’étant momentanément imposé, obligeait à :
Étaler le collodion, manuellement sur une plaque de verre.
Placer cette plaque de verre encore humide, d’où le nom du procédé, dans l’appareil photo.
Exposer le sujet.
Développer la plaque avant que le collodion ne soit sec.
Ceux-ci imposaient d’avoir un laboratoire à proximité.
Les photographes se déplaçaient donc avec un chariot, tiré par un ou deux chevaux, équipé en laboratoire.
C’est avec de tels procédés que de courageux reporteurs ont couverts des événements tels que la guerre de Crimée !
On est bien loin des appareils numériques tout automatique d’aujourd’hui !
La photographie moderne
En 1884, l’Américain George Eastman fabrique les premières pellicules en bobine. En 1888, il lance sur le marché un appareil « compact » de 18 cm de long !
Cet appareil est équipé d’une pellicule permettant 100 prises de vue.
L’idée du projet est de rendre le la photographie accessible à tous en proposant un système simple à utiliser.
Cet appareil est équipé d’un objectif non interchangeable, d’un obturateur central mécanique doté d’un seul temps de poses proche du 125e.
Les 100 vues exposées, l’appareil photographique est renvoyé en usine ou la pellicule est développée et tirée, l’appareil rechargé d’une nouvelle pellicule de 100 poses et renvoyé au client.
Le principe est très proche des Instamatics à chargeurs.
Photographie pour tous
La photographie accessible à tous pour environ 25 $.
Une conception marketing très novatrice qui sera à l’origine de l’empire Kodak, mot inventé par George Eastman pour qu’il soit prononçable et reconnu dans toutes les langues.
1891, Kodak commercialise les premières pellicules interchangeables à la lumière du jour.
1889 les pellicules sur papier sont remplacées par les pellicules sur celluloïd. _ Procédé qui restera utilisé jusqu’à l’avènement de la photographie numérique.
La photographie moderne est née à la fin du XIXe siècle. Et n’évoluera plus dans son principe jusqu’à la photographie numérique.
Les évolutions, les améliorations, seront nombreuses.